Les pieds: support du kamae

Dès que l’on se relève de la position sonkyo pour se mettre en kamae, la première chose que l’on remarque c’est le placement des pieds. La distance entre chaque pied est-elle adapté à la morphologie de la personne? Autrement dit, j’évalue si la personne adopte une position de garde naturellement, sans s’y forcer. On dit souvent que le tenouchi (usage des mains) constitue la base d’une frappe en kendo, mais les pieds sont bien plus importants. Même si le tenouchi n’est pas excellent, si les pieds ne sont pas idéalement placés, il est presque impossible de toucher l’adversaire: la frappe ne peut donc pas être valable. Un précepte kendo dit: Ichi-gan, ni-soku, san-tan, shi-royku (d’abord les yeux, ensuite les jambes, puis le courage et enfin la puissance). Ce qui veut bien dire que le déplacement arrive en deuxième position, juste après le regard.
On dit souvent qu’en kendo il faut couper l’adversaire et pas simplement le toucher. Mais pour réaliser une coupe il faut attaquer avec les hanches. Pour réussir une attaque avec les hanches, la distance est fondamentale. Les pieds ne doivent ni être trop rapprochés ni trop écartés. Chacun a sa propre position de garde, cela dépend surtout de la stature. Quand vous aurez trouvé une position de garde confortable qui vous convienne parfaitement vos déplacements seront plus fluides et vous réagirez avec plus d’efficacité aux mouvements de votre adversaire. Ainsi vous pourrez saisir la moindre ouverture laissée par votre adversaire et lancer des attaques shin-ki-ryoku-itchi. [Shin représente ici la faculté de saisir intuitivement les déplacements et les dispositions de l’adversaire et d’en faire une décision. Ki s’avère être une action tournée vers l’extérieure et basée sur la décision prise par l’esprit (shin), c’est une fonction mentale dynamique. Ryoku refère à l’action du corps. Tous ces élements doivent s’exprimer simultanément sous la forme d’une technique (waza).]
Les pieds sont généralement cachés par le hakama, mais il est possible de voir si l’équilibre de la garde est correct en observant la fluidité des mouvements du pied droit, le pied gauche glissant légèrement sur le plancher. Si le pied gauche ne reprend pas automatiquement sa place, cela témoigne d’un mauvais équilibre et les frappes ne seront pas jugées valables. Le déplacement du pied gauche est très important.